La légende dit que Cléopâtre aurait ensorcelé Jules césar et Marc-Antoine, par la seule puissance de son parfum. Les artistes antiques nous ont révélé toute l’ampleur du culte de l’esthétisme à travers les visages des bas-reliefs de l’ancienne Egypte ; exaltant la mémoire du mort, en célébrant l’existence et ses beautés.
Luxe et raffinement semblent rythmer le quotidien des égyptiens. Les fresques des temples et sépultures nous renseignent sur l’importance des soins du corps et de l’intérêt porté aux fards et onguent en tous genres.
Comment et pourquoi se maquillaient et se paraient les égyptiens ?
Grâce au décryptage de recettes antiques que l’on retrouve sur les murs millénaires des temples, on peut retrouver les critères de beauté en usage à cette époque, où le maquillage rendait hommage aux dieux, et où parfums, baumes et cosmétiques présentaient aussi des vertus thérapeutiques. Les égyptiens emportent jusque dans leurs tombeaux leur nécessaire de beauté, car tout était prévu pour les besoins de la vie éternelle, à laquelle aspirait tout Egyptien, après sa mort.
C’est dame Touti, une aristocrate de plus de 3000 ans qui livrera aux chercheurs les éléments permettant d’en savoir plus sur les mystères de la cosmétique Egyptienne. Dame touti était richement pourvue, puisqu’on trouve dans sa sépulture : un Peigne, un flacon d’huile parfumée, une palette à fard finement ouvragée, miroir en bronze poli…Une observation en laboratoire, a permis d’analyser le contenu des pots de dame Touti, livrant ainsi leurs secrets millénaires. On constate des mélanges complexes, et d’une grande minutie. Des textes anciens, d’auteurs fascinés par l’expertise des égyptiens en matières cosmétiques, nous renseignent sur les vertus thérapeutiques. Ainsi, on sait que le khol, servaient non seulement de parures d’œil, mais également de prévention contre les différentes maladies des yeux, fréquentes en milieu sec et aride et auxquelles étaient exposés les égyptiens.
Dans de nombreuses villes égyptiennes, les archéologues ont retrouvé des bas reliefs mettant en scène la récolte de produits nécessaires à la fabrication de fards, onguents et parfums. Les parfums antiques se fabriquaient à base de mélanges de plusieurs ingrédients, dont les étapes pouvaient prendre plusieurs mois. 160 recettes ont été répertoriées. Dès la seconde moitié du troisième millénaire, les échanges commerciaux avec leurs voisins, permettent aux égyptiens l’acquisition de nombreux végétaux, favorisant ainsi l’amélioration des onguents et cosmétiques.
Rituel de beauté :
L’hygiène était très importante, et dans des salles réservées à ce seul effet, les Egyptiens hommes et femmes s’abandonnaient aux mains des servantes. Des huiles sont utilisées pour adoucir, colorer et parfumer les cheveux, le corps étaient enduit de pommade et de fards pour rehausser la pureté d’une peau blanche. La beauté du visage n’est pas en reste, les Egyptiens accordaient un soin tout particulier à leurs yeux qu’ils agrémentaient d’un tracé de khôl noir accentuant à l’extrême leur forme en amende. A cela s’ajoute du collyre vert posé élégamment au ras des cils et sourcils. Les lèvres sont embellies de carmin et les joues égayées de rouge. Les soins du corps ne sont en aucun cas l’apanage des femmes dans l’Egypte antique ; et Les hommes ne sont pas en reste, puisque l’utilisation des onguents et cosmétiques étaient tant de l’ordre esthétique, que médical et religieuse.
La beauté, au service d’un idéal
La quête de la beauté s’inscrit chez les Egyptiens Antiques dans un souci d’équilibre, de respect des proportions et de la symétrie. Une conception somme toute cérébrale, et qui renvoie au sacré. Le sens de cette attention particulière et de l’association du beau, au divin, prend corps dans l’un des mythes fondateurs de l’Egypte antique. La légende raconte que lors de son combat avec son oncle Seth ; le dieu Horus aurait perdu un œil, il se maquilla alors pour rectifier cette mutilation, et rétablir l’équilibre et la symétrie de son visage. Deux notions omniprésentes, représentatives de la conception du monde selon les Egyptiens.
Les Egyptiens se maquillent donc tant par plaisir, que par rituel religieux. Dans les temples, on honore les dieux en les gratifiants d’offrandes parfumées. On retrouve aujourd’hui dans les mosquées, les senteurs de menthe ou encore de musc, perpétrant cette tradition millénaire adaptée aux mœurs et croyances actuelles. La continuité de l’Egypte antique, assurée par le génie de ces artisans parfumeurs, horticulteurs et pharmaciens qui ont inspiré les grecs, les romains puis l’Egypte arabe avant que de ne faire rêver nombre de maghrébines à travers les séries Égyptiennes, n’a eut de cesse de nous éblouir et de nous envoûter.
Mira B.G
sources :
- Histoire du maquillage, M.Tardy
- Beauté : histoire, florilèges et astuces, d’A. De Marnhac
- Les secrets de Dame Touti, un film de S.Tignères
- langage des fards en Egypte Antique, CNRS
- Image : photographie d’une fresque, CNRS