Le surréalisme, pour Baya, n’est pas seulement un art qu’elle exerça avec brio. C’est aussi son vécu hors norme qui la conduit à l’universalité, à l’immortalité.
Née un matin de décembre 1931 à Borj el-Kiffan, à l’est d’Alger, de son vrai nom Fatma Haddad, Baya perd ses parents à l’âge de cinq ans, mais trouve en Marguerite Camina Benhoura, intellectuelle française, une nouvelle mère. Une mère qui a compris son potentiel artistique et l’a encouragé à exploiter son talent en poursuivant des études d’art.
En effet, à seulement 16 ans, Baya, cette autodidacte, fut révélée par le grand galeriste français Aimé Maeght qui, en compagnie d’André Breton et à travers l’Exposition Internationale du surréalisme en 1947 à Paris, ont su mettre en lumière ses travaux.
C’est ainsi que sa palette lumineuse, son monde surréaliste et ses terres cuites à Vallauris charmèrent l’élite artistique parisienne, en particulier Pablo Picasso et Henri Matisse. Ils ont collaboré par la suite dans le mythique studio de poterie Madoura à Vallauris.
Elle inspira Picasso qui, en 1955, peint « les femmes d’Alger » avec Djamila Boupacha, comme icone.
Ainsi, elle a réussi à acquérir une notoriété en France et en Algérie. Elle expose en Algérie comme en France, avant d’abandonner ses pinceaux pour se consacrer à sa vie de famille dans les années 1950, lorsqu’elle épousa le chanteur El Hadj Mahieddine Mahfoud, pour ensuite, les reprendre après la mort de son mari.
Sa frénésie de création n’a plus de frein. Elle exposa ses œuvres en 1963 au Musée National des Beaux-Arts à Alger et participa l’année suivante à l’exposition des peintres algériens au Musée des Arts Décoratifs à Paris. Elle participe à de nombreuses expositions collectives en Algérie, au Maghreb, en Europe, à Cuba et au Japon.
Pas d’hommes dans ses œuvres. Les thèmes de la peinture de Baya se retrouvent dans les textiles traditionnels, les tapis, les céramiques ; ce sont des poissons, des fruits, des papillons, des oiseaux, des fleurs, des instruments de musique, des femmes…Le tout, puisé de son environnement maghrébin. Une constance se dégage dans la répétition de ces formes qui sont sans cesse réinventées par l’artiste.
Baya meurt le 9 novembre 1998 à Blida, non sans laisser un patrimoine culturel d’une richesse inestimable.Son travail a été en exposition à la Grey Art Galery de New York durant tout le mois de mars.
A.B
- Illustration 1: https://www.fortdeleau.net/baya.html
- Illustration 2 : https://expertise.aguttes.com/estimation-art-contemporain/mahieddine-baya/