Que ce soit pour mettre en valeur les beaux yeux en amande ou allonger les yeux ronds, le khôl est largement utilisé parmi de nombreuses populations, allant de l’Inde et du Pakistan aux pays du Maghreb, en passant par le Proche-orient et le Moyen-Orient.
La légende dit que cette poudre a existé «Quand l’éclat du Seigneur paru sur le mont du Sinaï, il embrasa la montagne entière et en calcinant toutes ses pierres, les transformant en khôl…». D’un point de vue historique, ce sont les arabes puis les berbères qui ont repris et démocratisé ce produit obtenu en broyant du sulfate de cuivre, de l’alun calciné, du zenjar (carbonate de cuivre) auquel on va rajouter certains végétaux, comme le clou de girofle cuit, le poivre blanc ou de l’huile d’olive pour certaines préparations. Une autre légende raconte que seules des femmes ménopausées peuvent fabriquer cette fameuse poudre.
Qu’elle soit noire ou grise, cette poudre millénaire aux pouvoirs reconnus, existe depuis l’Egypte antique, passant par la civilisation romaine et grecque. Au fil des siècles, la fameuse poudre a fait du chemin de l’Irak au Maroc et sa composition varie d’un pays à un autre, peut être, selon la disponibilité des composants. Le composant majeur du khôl est une substance hautement toxique en soi : le plomb. Seulement, à l’époque de l’Egypte antique, les «laboratoires» savaient déjà doser ce plomb à concentration infinitésimale, et par transformation chimique, devenait de la laurionite. A ce stade, le composant devient très protecteur pour la sphère oculaire, jouant ainsi le rôle de collyre, pour se préserver des nombreuses maladies de la vallée du Nil. En plus du plomb, le khôl contient également des pigments naturels, minéraux et végétaux, allant ainsi du noir au gris. Dans certaines régions, on y ajoute même de l’huile d’olive ou du «ghee», le beurre clarifié.
Les égyptiennes de l’époque dessinaient une ligne horizontale de chaque côté de l’œil, en allongeant le trait vers l’oreille, pour imiter l’œil du chat, animal sacré. Quant à ses vertus, elles peuvent ramener au mythe du Dieu Horus, qui fut blessé à l’œil lors d’un combat contre Seth, mais qui fut soigné par l’application du maquillage.
Le khôl avait donc, en plus du rôle cosmétique, un rôle médicinal, puisque la composition même du khôl naturel, permet un soin antibactérien des yeux. Beaucoup d’ophtalmologues aujourd’hui, affirment que cette poudre est idéale pour soigner les conjonctivites, les rougeurs ou les irritations de l’œil. Ses adeptes, les plus célèbres restent sans doute, ces femmes et ces hommes du désert qui ont coutume d’en appliquer avant d’affronter une énième traversée, le khôl devient alors un rempart de protection pour les yeux, d’une tempête de sable ou d’une lumière aveuglante.
Le khôl est aujourd’hui vendu partout dans le monde, dans le cadre cosmétique et beauté. Seulement, comme pour tout produit, la contrefaçon peut conduire à des conséquences plus que dangereuse, fatales. D’ailleurs, le khôl, étant fabriqué à base de plomb, est surveillé de très prêt. Choisissez votre poudre soigneusement, avant de l’appliquez.
Mounira Amine-Seka.
Bibliographie:
- Histoire du maquillage, des égyptiens à nos jours, par Martins Tardy. Ed. Dangles, 2012. (169pp).
- Dieu-crea-la-femme.com
- Médecine-des-arts.com
- Illustration: https://marrakech-herboristerie.com/produit/khol-traditionnel