Dès les premières années de la colonisation française, des travaux furent entrepris, et si les cartiers antiques on été épargnés, certains lieux n’ont pas eu cette « chance ». Ainsi, les travaux de la route du Fort l’Empereur et ceux d’une esplanade construite près de Bab El-Oued, entraînent la destruction systématique de deux cimetières musulmans, faisant fi des règles religieuses des populations conquises par la force, avec une remise en cause des promesses faites solennellement par le général de Bourmont quand il occupa Alger.
En même temps que les tombes de Bab El-Oued, celles de Bab Azzoun, furent saccagées et on en détruisit des centaines au-delà de Bab El-Jdid. Celles situées au long des remparts, puis sur l’actuelle place des Martyrs, des actuelles rues Ali Boumendjel, Larbi Ben Mhidi, Capitaine Hassani Issad furent également détruites.
Les cimetières musulmans serviront d’abord à d’autres fonctions. La première est d’ordre urbanistique puisque les français supprimeront des espaces de sépultures au profit du développement de l’habitat urbain destiné à abriter les premiers immigrants et également à l’ouverture de chemins. « Ces mêmes cimetières, un peu partout dans le pays, allaient agrandir les domaines des colons toujours avides de nouveaux espaces pour augmenter les profits en rendements agricoles ».
Un commerce peu « catholique »
Les ossements humains, exhumés par la charrue coloniale ou par le matériel des ponts et chaussées, vont également servir pour un commerce sordide. Ils auraient été expédiés à Marseille, pour être utilisés dans la fabrication du sucre.
L’historien Moulay Belhamissi fait état des navires chargés d’ossements provenant des cimetières musulmans en partance pour Marseille : « Pour du noir animal nécessaire à la fabrication du sucre, les ossements récupérés des cimetières musulmans sont expédiés à Marseille. A l’époque, on réfuta les faits malgré les témoignages. Mais l’arrivée dans le port phocéen, en mars 1833, d’un navire français La Bonne Joséphine », dissipa les derniers doutes. Des os et des crânes humains y furent déchargés.
Par ailleurs, l’historien précise que «Le noir animal», appelé aussi «charbon animal», est un charbon d’os que l’on obtient en calcinant les os en vase clos ». Utilisé dans l’industrie «pour la décoloration des liquides organiques et la réduction de certains oxydes». Il fut aussi employé pour «la fabrication du sucre».
Le docteur Ségaud témoigne à son tour dans le journal Le Sémaphore, le 2 mars 1833 en faisant la déclaration suivante :
« J’ai appris par la voix publique, que parmi les os qui servent à la fabrication du charbon animal, il sen trouve qui appartiennent à l’espèce humaine.
A bord de la bombarde, « la bonne Joséphine » venant d’Alger et chargée d’Os, j’ai reconnu plusieurs os faisant partie de la charpente humaine. j’y ai vu des crânes, des des cubitus, et des fémurs de la classe adulte récemment déterrés et n’étant pas entièrement privés des parties charnues ».
Informé de ce commerce des restes humains, l’Emir Abdelkader fit parvenir partout dans le pays des recommandations interdisant impérativement aux Algériens de consommer le sucre blanc, une consommation qui pourrait, en toute évidence, assimilée à une forme d’anthropophagie. « De troublantes assertions ont couru au sujet de l’utilisation des restes humains.
La « Métropole » informée de l’utilisation des ossements provenant des cimetières musulmans ne semblait pas approuver ce commerce indécent ; mais comme à l’accoutumée, on n’est pas à un scandale près et les promoteurs de l’industrie utilisatrice d’ossements humains ne seront jamais inquiétés…!
Mira B.G
Sources :
- notes : Moulay Belhamissi, cité par Olivier Le Cour Grandmaison dans – Coloniser – Exterminer – p.169
- L’Algérie des algériens M. Kaddache, P579
- (Annales algériennes – T.I. – pp. 227-228).
- Moulay Belhamissi – Etude «Une tragédie aux portes d’Alger – Le massacre des Aoufias».
- Le quotidien national d’information, A. Belkhodja
3 commentaires
ya hassrah
Et aujourd’hui, les anciens colons viennent nous parler des cimetieres chretiens saccages.
et bhun du sucre ou os des cadavres