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Période arabe (647 à 1518)

Les cités ibadites du Moyen-Âge – Tihert

Ruines de Sedrata

Dans la mémoire collective algérienne, l’islamisation du pays n’est généralement perçue qu’en tant que résultat des conquêtes de Okba Ibn Nafaâ. Mais en réalité, les choses ne se sont pas passées ainsi… C’est le courant kharidjite (école dissidente la plus ancienne de l’islam) et, plus précisément, sa composante ibadite qui entamera l’islamisation du Maghreb. Selon cette doctrine, le commandeur des croyants ne doit pas être nécessairement de la lignée du Prophète (QSSL), ni d’une certaine race ou couleur de peau.

Les premières conversions de Berbères seront donc entreprises par des prédicateurs ibadites, originaires d’Irak et d’Oman, parmi lesquels figurait le Persan Abderrahmane Ibn Rostom qui, en 761, fonde «Tihert» (Tiaret), sur les ruines de l’ancienne ville détruite par Oqba Ibn Nafaâ. Tihert devint la capitale de la dynastie rostomide et sera un véritable centre politique et économique avec un marché considérable qui attirait non seulement de nombreux Berbères de l’Afrique du Nord tout entière mais aussi des commerçants musulmans de Kairouan (Tunisie) et d’Irak.

Tihert devient alors un relais capital du commerce transsaharien qui concernait l’or et les esclaves, à travers deux voies principales vers les royaumes du Ghana et de Gao. Elle fut ainsi un foyer de diffusion de l’islam, véhiculé par les marchands et missionnaires ibadites en Afrique noire. Tihert était une cité religieuse mais cosmopolite, et se caractérisait par la tolérance religieuse, les Ibadites cohabitaient avec les mutazilites et les sunnites. Il existait un quartier chrétien et un marché juif. Tihert était aussi un foyer culturel, ses bibliothèques renfermaient des exégèses coraniques, des manuscrits de médecine et d’astronomie et elle était en contact avec les milieux savants d’Al-Andalus. En 909, Tihert sera ruinée par les incessantes guerres de pouvoir entre les différentes dynasties qui secouèrent le Maghreb médiéval.

Sedrata

Les réfugiés de Tihert fuient alors dans le désert et fondent leur nouvelle ville, Sedrata, près d’Ouargla. La paix régna jusqu’en en 1274, date à laquelle Sedrata fut à nouveau attaquée. Ses habitants abandonnèrent la cité qui fut tout doucement recouverte par le sable (ils fondèrent alors leur nouvelle cité, qui existe toujours : Ghardaïa). Sedrata est aujourd’hui enfouie sous le désert. Il n’en reste que quelques arcades et des ornementations murales très raffinées qui décoraient jadis un «palais». Mais les Ibadites, dont la communauté est demeurée vivante à Ghardaïa, gardent le souvenir de leur ancienne capitale. Chaque année, à la fin avril, ils s’y rendent en pèlerinage. Ils franchissent les hautes dunes de sable et vont s’agenouiller sur l’emplacement de leur mosquée primitive qu’ils ont marquée d’un tas de pierres. C’est ainsi que, de père en fils et siècle après siècle, le souvenir de Sedrata s’est pieusement conservé.

Kahina Oussaid-Chihani

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