19 Mars 1962, le cessez-le feu entre en vigueur.
Ce jour-là, les Cinq historiques et les membres de la délégation du GPRA qui ont négocié les accords d’Evian, rentrent au Maroc.
Le 18 mars au soir, Tunis est en liesse. A 20h30, la radio diffuse l’appel du président du GPRA, Benyoucef Ben Khedda : « Un accord général vient d’être conclu à la conférence d’Evian (…) En conséquences, au nom du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne, mandaté par le Conseil national de la révolution algérienne, je proclame le cessez-le-feu sur tout le territoire algérien à partir du lundi 19 mars à 12 heures. J’ordonne, au nom du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne, à toutes les forces combattantes de l’Armée de libération nationale l’arrêt des opérations militaires et des actions armées sur l’ensemble du territoire algérien (…) »
Quelques heures avant midi, les ministres du GPRA présent à Evian, au nombre de neuf, se réunissent pour régler les derniers détails de leur départ. Ils partiront au Maroc en deux groupes. Le premier est composé des Cinq, accompagnés de Benyahia, Boulahrouf, Abdesselam et Redha Malek. Ils voyageront à bord du Boeing de la PANAM spécialement affrété par le roi Hassan II. Les autres prendront un avion de ligne pour la même destination.
Ce jour-là à midi, le cessez-le-feu devient effectif. Son application est stricte par les deux armées. Une Commission centrale a la tâche de veiller au respect des consignes. Le commandant Mohammed Allahoum y représente le côté algérien.
Alors que la délégation d’Evian est attendue dans la capitale marocaine, le ministre marocain de l’Information, Moulay Ahmed Alaoui anime une conférence de presse pour saluer le cessez-le-feu en Algérie et en profite pour applaudir la future union maghrébine.
La délégation quitte l’aéroport de Genève-Cointrin pour Rabat vers minuit. Ses membres arrivent à destination après deux heures de vol. Dans « L’Algérie à Evian », Redha Malek décrit l’accueil qui leur est fait sur le sol marocain « celui des grands jours : impressionnant et solennel. Le président du Gouvernement Provisoire de la République algérienne, Benyoucef Ben Khedda, entouré des ministres algériens venus de Tunis avec lui, est présent à la cérémonie.»
Un seul bémol pour les passagers du Boeing, leurs bagages avaient disparu. Dont des malles appartenant aux Cinq et qui contenaient leurs archives personnelles. Le souvenir douloureux de 22 octobre 1956 refait surface. Mais les bagages seront heureusement retrouvés quelques jours plus tard.
Les invités sont acheminés vers une maison d’hôtes pour la nuit. Et le lendemain, Hassan II les invite à son palais du Méchouar, à Rabat, pour un grand dîner en leur honneur. Pendant le festin, Moufdi Zakaria, le poète de la Révolution et l’auteur de l’hymne algérien Kassaman, déclamera sa poésie du haut d’une terrasse.
L’ambiance est à la fête. L’Algérie va enfin être libre et souveraine. Mais les quelques mois qui séparent le pays de la véritable grande fête, l’indépendance, ne seront pas de toute joie. le sang et les larmes couleront jusqu’à al fin.
Zineb Merzouk
Sources :
Redha Malek : « L’Algérie à Evian. Histoire des négociations secrètes 1956-1962 ». Seuil, 1995.
Achour Cheurfi : « Dictionnaire encyclopédique de l’Algérie ». ANEP, 2007.