Le sarouel algérien, un vêtement idéal porté par les femmes et les hommes depuis le XVe siècle

Le sarouel ou seroual, ce pantalon porté aussi bien par les femmes que par les hommes en Algérie, serait lié à la migration des Andalous en Afrique du nord, dès 1492. Aussi, les marchands d’Andalousie de la Péninsule ibérique l’ont-ils proposé dans les grands ports de la rive sud de la Méditerranée.  

Il est très ample et confortable, le sarouel chelqa, c’est-à-dire à jambières. Il est utilisé, en particulier, pour sa fonction pratique : marche aisée, position assise sans gêne, descente ou montée facile des escaliers. Il sera bien gardé dans les mallettes des femmes de Constantine, Tlemcen, Cherchell, Alger, plus précisément dans les grandes villes du territoire algérien. Les Ottomans l’ont ramené, eux aussi, dans leurs bagages, dès l’instauration de la Régence d’Alger en 1520. Durant la période ottomane, le sarouel féminin algérois est bombé, appelé localement m’dawer (rond), il émane d’une étoffe de huit à dix mètres. Il est surtout réservé pour la sortie : seroual zenqa ( celui de la rue). Il sert en même temps à dissimuler les formes du corps féminin.  

Modèle chelqa 

Dans sa version algéroise, celle parue dans la ville, dès 1950, d’après d’anciennes stylistes-modélistes, il est plutôt droit, ouvert également sur les côtés jusqu’au mollet ou à la limite du genou. Sa coupe parait simple, il suffit d’une seule pièce de tissu léger pour le confectionner. Il est usité aussi bien à domicile que dans les grandes occasions : réunions familiales, fêtes, mariages. Cela explique son autre appellation, sarouel el qaada. Ce modèle droit et moulant quelque peu le corps s’apparente à la jupe longue serrée ou à un fuseau, il dénote l’influence française, espagnole et/ou européenne. Il est fabriqué avec un satin laqué ou un taffetas de couleur claire, dans un souci d’esthétique et de légèreté. Au jour d’aujourd’hui, des femmes du 3e âge le portent encore, elles sortent même avec. L’une d’elles témoigne qu’elle sera prise pour une Turque en raison de son sarouel chelqa, durant son pèlerinage à la Mecque.     

De son côté, l’homme algérien a porté, lui aussi, un pantalon aussi ample, large et relativement volumineux, entre les XIXe et XXe siècles. Dans la vallée du M’zab, par exemple, il parait froissé. Dans le nord à Alger, il peut comporter plusieurs plissements. C’est pourquoi il y est appelé sarouel tastiffa. Ces deux modèles se ressemblent dans leur dimension bouffante, dans la séparation de l’entrejambe. Ils sont tenus par des bretelles, sinon par une ceinture en tissu qui correspond à celle du toréador espagnol. Ce pantalon fera, entre autres, l’élégance du costume masculin avant de tomber en désuétude, vers la fin du XXe siècle.  

Voyages 

Vêtement unisexe, il habille, aujourd’hui, les enfants, les femmes et les hommes. Il est porté selon différents modèles, dans une région ou une autre, dans un pays ou un autre selon les références culturelles locales. Son origine serait située entre la Perse et les plaines du sud-est asiatique, elle remonterait au IIIe siècle de notre ère. Il a emprunté nombre de voies de communication, notamment la Route de la soie (ancien réseau de routes commerciales entre la Chine et l’actuelle Turquie), avant d’être adopté ailleurs qu’en Europe. Dès l’an 1000, les marins exerçant dans le bassin méditerranéen, contribuent largement à sa propagation. Raccourci au dessus des chevilles, il devient un élément de la tenue de travail, il leur permet de monter rapidement aux cordages. Il est pour eux le vêtement idéal. Il sera  remarqué par les Méditerranéens dans les ports de la rive sud. Mieux encore, il y sera vendu par les marchands turcs et arabes. Le sarouel a une telle réputation qu’il a fait le tour du monde, sans perdre son originalité préservée depuis près de deux milles ans.  

Mohamed Redouane 

Bibliographie:  

  1. L’Histoire du Sarouel par Molly Li dans sarouel.fr
  2. Presse d’Algérie.  
  3. Le costume traditionnel turc dans custom-qamis.com 
  4. Le vêtement des nomades eurasiatiques et sa postérité par Elfriede Regina Knauer dans persee.fr  
  5. Illustration 1: couple algérien vers les années 1900
  6. Illustration 2: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:AlgerianJew.jpg

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