Babzman
Image default
Accueil » L’Amine Es-Seka : Le contrôleur de la monnaie sous la régence d’Alger – Parte 1 –
Période ottomane (1515 à 1830)

L’Amine Es-Seka : Le contrôleur de la monnaie sous la régence d’Alger – Parte 1 –

monnaieIl importe de bien déterminer au début ce chapitre, la définition de l’Amine (Au pluriel Oumena), ce mot étymologiquement sert à indiquer un homme digne de confiance, le « Vir probus »  des romains.

Dès le XVI ème siècle, on le trouve employé au Maroc et en Algérie pour indiquer un fonctionnaire chargé d’établir les rôles de l’impôt et d’en faire la perception .

L’Amine Es-Seka étant à Alger un fonctionnaire du service des finances, investi de la confiance du Dey, avait pour mission de s’occuper de la frappe de la monnaie et devait, en même temps, éviter la circulation des monnaies de mauvais aloi et empêcher toute fraude en ces matières. Puis, comme la loi musulmane interdit de vendre des matières d’or ou d’argent, autrement qu’en donnant en paiement un poids égal de même métal monnayé, il se trouvait appelé à juger les contestations auxquelles ce commerce pouvait donner lieu, et, par conséquent, celles qui portaient surtout sur le titre des bijoux ou des pièces d’argenterie, échangés en réalité plutôt que vendus, car c’était la différence des titres qui constituaient la seule rémunération du travail des orfèvres.

Amine Es-Seka veut dire littéralement « Syndic du coin à frapper la monnaie » (coin ne veut pas dire le coin, mais pronnoncé comme en anglais « coïn »), appellation moins pompeuse et plus juste que celle de chef de la monnaie. Nous emprunterons au «Livre des exemples instructifs concernant l’histoire des Arabes et des Berbères » d’Ibn Khaldoun, ouvrage qui s’applique aux Arabes d’Algérie comme à tous ceux de même race, la définition assez complexe et fort entendue du mot Sekke ou Sicca :

« Le mot Sicca, signifie, dans l’usage primitif de la langue, le coin, c’est-à-dire le morceau de fer qu’on emploie pour cela. Mais on l’a transformé à l’empreinte qu’il produit, je veux dire à ces gravures qui s’impriment sur les pièces d’or ou d’argent, et, plus tard, à la direction de ce genre de fabrication et à la surveillance de l’exacte observation de toutes les conditions requises en cette matière. Le mot Sicca désigne alors un office, dans le langage usuel de l’administration politique. Cet office est d’une absolue nécessité à l’Empire, puisque c’est par son Ministère que, dans les transactions commerciales, on distingue la bonne monnaie de la mauvaise, et que c’est le type connu, imprimé sur les monnaies par l’autorité du souverain, qui garantit leur bonté et prévient toute fraude.».

L’Amine Es-Seka était, on le voit, un véritable contrôleur de la monnaie en Algérie.

L’histoire ne nous a pas laissé de liste chronologique des Amine Es-Sekka qui se sont succéder depuis Hadj Omar (En 1686 le directeur de la Monnaie dans le palais du Dey, était Hadj Omar). Nous savons seulement que le dernier Amine exerçant ses fonctions, avant la conquête, se nommait Hadj Mohammed. Il demurait Rue Pompéi et sa maison qui porte le N°4, a gardé le nom de Dar Es-Sekka (Dar veut dire maison).

D’après les souvenirs recueillis par ses descendants, il travaillait dans les derniers temps à la Monnaie, dans le palais même du Dey, à la Casbah. Il n’en sortait que tous les huit jours pour voir sa famille.

L’Amine Hadj Mohammed resta 32 ans Amine Es-Sekka. Il était surpris, paraît-il,  d’être monté si haut et craignait que sa chute n’en fut que plus dangereuse. Elle n’arriva pas. Comme on ne battait plus de monnaie, il fut seulement remercié à l’arrivée des Français. Mais il est probable qu’il continua ses fonctions d’essayeur pour les Arabes. Il se retira dans une villa (C’est là que se maria Daouia Amine-Seka), villa de Mustapha Oulid Aïcha inférieur, au dessus de la Rue Darwin actuelle, plus connue jadis sous le nom de Fontaine Bleue. Il habitait le logement de droite et celui de gauche était occupé par son neveu Hamdan Ben osman, l’ami du Dey et qui joua un grand rôle, à l’époque de la conquête d’Alger.

Hadj fut reconnu débiteur envers l’Etat d’une somme de 318 760 boudjous, valeur de laine et de matières d’or et d’argent à lui livrer par le Régence. Il vint à Paris en 1831. A l’établissement des patentes, Hadj Mohammed, malgré son grand âge, partit pour Tunis. Le Baron Pichou dit qu’il ne put le retenir à Alger.

Plus tard, le Général Clauzel occupa sa maison. De nos jours, le petit fils de Hamdan a pris le nom de Hamdan Amine Es-Sekka. Il habite le Ruisseau (Mon arrière grand père), commune de Kouba. Après avoir été employé dans l’administration il est le commanditaire d’un orfèvre de la Rue de La Lyre »… A SUIVRE

Mounira Amine-Seka.

Sources :

  • « L’Orfèvrerie Algérienne et Tunisienne », par Paul Eudel
  • « Alger sous la domination Française en 1832 », Baron Pichou
  • Illustration : Pièce de monnaie, le Boudjou/Budju (unité monétaire de l’Empire Ottoman)

Articles similaires

Laissez un commentaire