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Cela s’est passé un 28 janvier 2011… Décès de l’interprète de châabi Abdellah Guettaf

28-01Il fait partie de ceux qui ont donné au chaâbi, ses plus belles lettres de noblesse. Son répertoire très varié, charmait les plus récalcitrants.

Originaire de Medjana (Bordj Bou Arreridj), Abdallah Guettaf est né le 18 Août 1949 à Hussein Dey. Il entame sa scolarité primaire en 1955 à l’actuelle école Mohamed Laâdour, à la cité la Glacière. Il passe trois ans dans un CEG puis va au lycée Ibn Khaldoun, pour finir en terminale son périple scolaire de 1966 à 1969, au lycée Abbane Ramdane à El Mohammadia.

Dès l’âge de 15 ans, Abdallah taquine déjà allègrement le mandole. Les répétitions se passent à la Villa Choisy (Rue Hanin), puis au local scout (JFLN) de la cité des Palmiers. A ses débuts, il est accompagné par Hacène Bennouchène au Tar, Hamid Mostfaoui à la derbouka, Lounès Mondi à la guitare, Benadrouche Mohamed (dit Moh leqbaïli) à la guitare et Saïd Bouda au banjo.

A partir de 1966, Abdelkader Choukri (instrumentiste-Retraité à l’ENTV) dit Cheïch Laïbout prend le jeune Abdallah sous son aile et lui permet alors d’affiner ses armes sous sa férule.

Durant les soirées animées par Choukri, Abdallah l’accompagne au banjo puis à partir de minuit, finit lui-même le reste de la soirée jusqu’à l’aube.

Jusqu’en 1969, Krimo Lakehal (rue des jardins) accompagnera Abdallah à la derbouka avec Ammi Hacène Bennouchène au Tar, Smaïl Semrani au banjo guitare et Djamel Bensomra (La Cressonière) au banjo ténor.

Cette même année, il est incorporé au sein du 1er contingent du service national, Abdallah. Il part pour l’Académie interarmes de Cherchell et termine ses classes avec le grade d’aspirant. Il est rappelé un peu plus tard à Boghar pour une période de 45 jours. (Ksar El Boukhari dans la wilaya de Médéa).

Tout en poursuivant sa passion, Abdallah Guettaf est obligé de travailler pour subvenir aux besoins de sa famille. En 1971 juste après la quille, son ami Ahmed Boughala lui trouve un emploi à la SNMC (Société nationale des matériaux de construction) en qualité de traducteur Arabe/Français. Puis il occupera le poste de chef de service Achats à l’étranger.

Il se produira durant des années, accompagné de grands musiciens. Il animera des soirées de mariages, des concerts dans des salles et participera à des festivals de châabi.

Suite à la restructuration de la SNMC début 1987 (ENG, ENAQS…) Abdallah prend le chemin de Baba Ali, siège de l’ENAQS (Entreprise nationale de quincaillerie) qui finira par péricliter et être dissoute. Après 27 ans de travail, Abdallah Guettaf se retrouve au chômage forcé, sans aucune indemnité.

Durant les années 1990, le cheikh est moins actif sur la scène. Cependant, il se concentre sur la recherche et la mise à jour des qassaïd.

Aux environs de 1999, Mohamed Kheloufi lui procurera un travail administratif dans une entreprise privée de distribution, au Ruisseau, près de Lafarge à Hussein Dey.

Abdallah, pour des raisons personnelles, abandonne cet emploi et se retrouve par la suite au Hamiz, à l’ENPS (Entreprise nationale des panneaux de signalisation) qu’il quitte en 2002.

Abdallah Guettaf a persévéré dans le chaâbi en suivant la lignée des grands Médahine du Djed et du zouhd. A l’instar des autres grands chouyoukh. Il trouvait son inspiration première dans la voie tracée par le Phénix, cheikh El Anka qui était le chef spirituel de toute une génération de jeunes chanteurs de chaâbi Açil. Aussi, Abdallah excellait dans tous les registres musicaux, du Aroubi à l’Andaloussi, en passant par le Hawzi, le Badoui…

Il a remis au goût du jour, des textes inconnus auxquels il a redonné vie dans le pur style du chaâbi Acil. Ainsi au début, il s’intéressait à la syntaxe, au lexique et à la forme du poème puis dans un deuxième temps, il décortiquait le texte pour arriver au contenu, au fond et aux différents sens apparents ou ésotériques voulus par l’auteur. Abdallah, savait que l’on ne pouvait dissocier le texte de son auteur… En se rapprochant un peu plus de ces auteurs célèbres, il s’imprégna alors de leurs souffles, de leurs visions mystiques du monde et finira peu à peu, par adopter dans une très grande rigueur, un comportement digne des plus grands interprètes du Medh traditionnel.

Abdallah avait aussi une parfaite maîtrise du Mandole. Il avait une prestance et un répertoire d’une grande richesse poétique. Son répertoire musical était très varié puisqu’il avait l’habitude à chaque récital ou soirée festive, de faire profiter son entourage d’une nouvelle touchia ou un Djambar qu’il exécutait toujours avec brio. Sa parfaite diction et sa voix chaude faisaient le reste en envoûtant un auditoire très varié de connaisseurs.

Abdallah Guettaf décédera le 28 janvier 2011, à l’âge de 61 ans, des suites d’un AVC. Il inhumé au cimetière d’El Alia à Alger.

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