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Cela s’est passé un 19 juin 1956, l’exécution du Chahid Ahmed Zabana

zAhmed Zabana, fut un militant de l’indépendance algérienne, et le premier résistant à mourir guillotiné en 1956, aux termes d’un simulacre de procès conduit par un tribunal colonial. 

Zabana fut le premier martyr depuis le déclenchement de la guerre de libération nationale à monter sur l’échafaud, le 19 juin 1956, dans l’enceinte de la prison de Barbarousse, sur les hauteurs d’Alger. Son exécution ainsi que celle de Ferradj avaient été réclamées à cor et cri par les milieux colonialistes dits « ultra », qui en firent un motif de satisfaction. Mais l’événement provoqua dans l’opinion algérienne un mouvement de colère si puissant qu’il ne tarda pas à se traduire par une série d’actions anticolonialiste.

Parcours d’un martyr 

Ahmed Zahana, plus connu sous le nom de Zabana, est né en 1926 dans le quartier d’El-Hamri, à Oran. Il y fit ses études primaires, obtient son certificat d’études et s’inscrit dans un centre de formation professionnelle, où il apprit le métier de soudeur.

En 1949, Ahmed Zahana adhérait au Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques (MTLD.) Son dynamisme ne tarda pas à attirer sur lui l’attention de la police française qui l’arrêta le 2 mars 1950.

Il fut condamné par la justice coloniale à trois ans de prison et trois ans d’interdiction de séjour. Dès sa libération, il reprit ses activités politiques avec autant d’ardeur que par le passé et participa aux préparatifs du déclenchement de la guerre de libération nationale.

Dans la nuit du 1er novembre 1954, il organisa avec un groupe de patriotes l’attaque contre le poste des gardes forestiers d’Oran. Le 11 novembre de la même année, à l’issue d’un accrochage meurtrier au cours duquel il fut d’ailleurs blessé, à Gharboudjlid, il fut prisonnier et conduit d’abord à l’hôpital, ensuite à la prison d’Oran.

Jugé sommairement et condamné à mort, il fut le premier martyr depuis le déclenchement de la guerre de libération nationale à monter sur l’échafaud, le 19 juin 1956, dans l’enceinte de la prison de Barbarousse, sur les hauteurs d’Alger. 

Exécution d’un homme, immortalité d’un chahid

L’exécution du Chahid Ahmed Zabana, le 19 juin 1956, est un crime contre l’humanité », les révélations sur la façon dont il avait été exécuté, ainsi que le déroulement de son procès qui avait été entaché d’irrégularités, demeurera un point noir pour l’administration coloniale Française. Certains défenseurs d’Ahmed Zabana avaient été menacés par des colons.

Pour l’histoire, l’on retiendra que la première fois, la lame de la guillotine s’était arrêtée à cinq centimètres de la nuque du Chahid. L’officier chargé de l’exécution, malgré le refus de certains membres du jury présents, avait ordonné aux bourreaux d’actionner la lame jusqu’à ce que mort s’en suive. Mais «Tahya El Djazaïr» retentira  toujours dans les subconscients des survivants qui n’oublieront jamais c’est certain.

Exposée au Musée central de l’armée, la guillotine qui a fait tomber la tête du héros de la guerre de libération rappellera jusqu’à la fin des temps l’atrocité coloniale. Cette machine de la mort restera un témoin irremplaçable des crimes commis par le colonialisme pendant la révolution algérienne. Plus de 200 militants de la cause nationale, sur les 2 000 condamnés à mort, ont été exécutés entre 1956 et 1962. Mais Zabana exécuté, d’autres hommes n’en continueront pas moins de suivre la voie tracée par ce héros et des milliers d’autre déterminés à chasser l’envahisseur de la terre algérienne et, pour l’éternité, le nom du martyr Ahmed Zabana restera rattaché à l’usage de la guillotine en Algérie.

Le 19 juin 1956 se souviendra également de l’exécution d’Abdelkader Ferradj, un autre martyr de l’Algérie. D’autres Algériens comme des Français solidaires de la cause nationale furent tout aussi impitoyablement exécutés. De  nombreux survivants et témoins garderont  en mémoire cette date d’où l’amer souvenir des moments passés à la prison de Barberousse, des moments chargés de souffrances, d’humiliations et de terreur.

D’autres rescapés de la guillotine ont retracé les moments terribles de l’attente de la mort, et  chaque minute qui passait en attendant l’aube s’égrenait comme une éternité en se demandant qui allait être le prochain  Aujourd’hui, ces femmes et ces hommes sont immortalisés dans la mémoire de chaque Algérien. Ces condamnés à mort, se sont donné corps et âme à la cause nationale, c’est pour cela qu’il faut se les remémorer à chaque occasion. 

Ahmed Zabana quittera le monde des vivants, non sans avoir laissé son nom gravé à jamais dans la mémoire de ceux qui lui ont survécu, et dans l’histoire. Il laissera à la prospérité, outre son combat pour la liberté, et pour lequel il paiera de sa vie; un message poignant à travers une lettre d’adieu des plus émouvantes, adressée à ses parents : 

Lettre d’adieu d’Ahmed Zabana à ses parents 

 «Ne pleurez pas et soyez fiers de moi» «Mes chers parents, ma chère mère Je vous écris sans savoir si cette lettre sera la dernière et cela, Dieu seul le sait. Si je subis un malheur quel qu’il soit, ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu, car la mort pour la cause de Dieu est une vie qui n’a pas de fin et la mort pour la patrie n’est qu’un devoir. Vous avez accompli votre devoir puisque vous avez sacrifié l’être le plus cher pour vous. Ne me pleurez pas et soyez fiers de moi.  Enfin, recevez les salutations d’un fils et d’un frère qui vous a toujours aimés et que vous avez toujours aimé. Ce sont peut-être là les plus belles salutations que vous recevrez de ma part, à toi ma mère et à toi mon père ainsi qu’à Nora, El Houari, Halima, El Habib, Fatma, Kheira, Salah et Dinya et à toi mon cher frère Abdelkader ainsi qu’à tous ceux qui partageront votre peine. Allah est Le Plus-Grand et Il est Seul à être Equitable. Votre fils et frère qui vous aime de tout son cœur.» 

Gloire à nos martyrs…

 

 

La rédaction Babzman 

Sources : 

  1. Réflexion, quotidien national d’information, édition du 30 octobre 2012
  2. Algerie-monde.com
  3. Jeune Afrique,‎ 2007, p. 6
  4. H. Alleg La guerre d’Algérie, Paris, 1981

 

 

 

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1 commentaire

Soukehal Rabah 4 janvier 2016 at 0 h 20 min

Quelle triste histoire ! Quel homme ! On devrait enseigner son courage et son amour de la patrie à tous les Algériens, de la naissance à la mort. Ces éternels sont une source d’inspiration et de vie pour nous Algériens !
Allah yarhamkoum ya chouhada !

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