L’Algérie et les USA partagent un riche passé , plus ancien que l’on ne l’imagine. L’Algérie, ou plutôt le Royaume d’Alger, a été l’un des tous premiers états à reconnaître l’indépendance les Etats-unis d’Amérique, et un consulat fut d’ailleurs siégé à Alger.
Il est utile de signaler que les Etats Unis d’Amérique qui souffraient encore, à cette époque des affres de la guerre d’indépendance, (acquise en juillet 1776) qui les avaient durablement endetté, ne possédaient pas de flotte navale susceptible d’assurer la protection de leurs navires marchands, défendus jusqu’alors, par la Royale Navy ou la flotte portugaise, ce qui n’empêcha pas au demeurant, la capture par le Royaume d’Alger, de deux vaisseaux américains en 1785 et de « onze bâtiments marchands » en 1793. Ils étaient donc, dans l’obligation de négocier la protection de leur commerce maritime, en attendant de constituer leurs propres escadre, dés le début du XIX eme Siècle.
Mais avant cela, dés 1785, les navires américains étaient assurément une proie facile, pour les corsaires de ce que l’Occident appelle alors la Barbarie, c’est à dire les actuels pays d’Algérie, Tunisie, et Libye (Le Maroc également quoique n’étant pas sous influence ottomane).Le Sénat des États-Unis décide conséquemment, de proposer un « traité de paix et d’amitié » avec ces États.
Ce « Traité de paix et d’amitié » de 1795 veillait notamment, au respect de la liberté de circulation des biens et des personnes, donnait la nature des marchandises qui étaient exemptes de droits de douanes ; codifiait les relations commerciales, militaires et diplomatiques qui étaient entretenues par les deux partenaires, précisait et renforçait les prérogatives du consul.
Les parties signataires à Alger le 5 septembre 1795 sont le dey Hassan Pacha, pour la partie Algérienne et Joseph Donaldson Jr, pour la partie Américaine. Il serait intéressant de savoir si dans la jeune histoire des USA, il y a d’autres exemples d’astreintes à des états étrangers ( hormis l’Algérie, la Tunisie et la Libye).
Le fac similé de la version en osmanli signée par Hassan Pacha, qui régna de 1791 à 1798, indique bien, grâce au titre relativement lisible, qu’il s’agit manifestement d’un « traité de paix » algéro-americain. Ce type d’accord s’appelle en ottoman Aahdname، عهدنامه.
La date hégirienne qui figure en bas à gauche est malheureusement trop floue, pour avancer avec certitude qu’il s’agit bien de celui de 1795 et non des accords de 1815 et 1816, après la bataille de cap Gata le 15 juin 1815, qui vit la flotte de Raïs Hamidou subir une défaite décisive pour la Régence d’Alger et mettre définitivement fin à la Course et à l’imposition de tributs aux pays occidentaux.
Farid Ghili